Des lycéens en visite au MJMN

Une vingtaine de jeunes du lycée Jean Moulin à Forbach se sont retrouvés dans les locaux des étudiants en master journalisme pour découvrir le métier de journaliste ; et réaliser des articles dans le cadre d’un concours.

La situation est toujours un peu délicate. On ne sait jamais trop quoi dire. Dans la salle, les photos sur Snapchat défilent à toute vitesse. Les poses sont maîtrisées. On tire la langue, on se penche de coté, on fait un signe des doigts. La routine pour de nombreux adolescents. Mais ces adolescents là, ils se retrouvent à l’université de Lorraine, entourés d’étudiants en master journalisme : nous. Ils ont une vague idée de la raison de leur présence. A vrai dire, nous aussi. Et pourtant, on va se voir trois fois, durant quatre heures. Pourquoi ? Leur apprendre les bases de l’écriture journalistique. Mission aussi simple qu’impossible. On relève le défi, avec un mélange d’appréhension et d’excitation. On avait tout préparé en amont, professionnalisme oblige. Chapô, titraille, accroche et on en passe. Toute la panoplie du bon petit journaliste en herbe est enfin prête.

Séance de réflexion lors de l’écriture des articles. ©Lucas HUEBER

 

9h34. Les groupes sont formés. Chaque étudiant en master se retrouve face à deux, trois, voire quatre lycéens, avec une idée plus ou moins précise du programme de la matinée. La première rencontre est une découverte de notre « monde » : les appareils photos, les caméras et tout l’attirail qui va avec. Mais aussi le studio télé flambant neuf, équipée de sept écrans, deux ordinateurs et d’un plateau. Impressionnant. Les lycéens font leurs stars, se la jouent devant le fond vert, prennent (encore) (toujours ?) des « snaps ». Certains prennent en main une caméra, tournent quelques images. Cette première matinée, c’est surtout un moment d’échanges et de découvertes. « C’est déjà fini ?« , lance une élève. La prochaine fois, on commence à travailler sur leurs articles. Les thèmes sont ambitieux : l’homophobie, l’élection de Donald Trump, les attentats du 13 novembre, la religion, le bac.

« On aime bien travailler avec vous » – Kenza, lycéenne 

C’est le moment que tout le monde attendait. Les élèves s’installent en groupe de travail, prêts à en découdre. Ils ont tous commencé, avec plus ou moins de sérieux, à façonner leurs articles. « Il nous faut une image, va sur Google« , conseille un lycéen à sa camarade. Mauvaise pioche. A nous de les aider, de leur expliquer, sommairement, les questions de droit d’images, les techniques d’écritures. « Il nous faut un titre pour Trump. » La titraille, venons-en. « Il représente quoi pour vous Trump ? » « C’est un menteur »  » C’est une accusation, ça ! » « Oui, mais c’est vrai » « Tu peux le prouver ? » « Bah… » « Ok, alors tu peux te poser la question peut-être. » Ce genre de discussion rythme la deuxième matinée. Au final, le titre sur Trump sera « Donald Trump : démagogue ? ». On avance. Pendant ce temps là, Marine enchaîne les interviews et les différents plans. Elle filme le déroulé de la matinée. Estelle se lance dans une infographie sur la religion, Benjamin harmonise l’article sur le sport. Un site se crée : jeanmoulinnews.

Réflexion de fond de la part des étudiants du master. ©Lucas HUEBER

Arrive la dernière matinée. On reconnaît des visages, des têtes, des sourires. Pour la plupart d’entre-eux, les articles sont finis. Et plutôt aboutis. Ces papiers, ils vont les présenter dans le cadre d’un concours. Alors on s’active pour peaufiner, retravailler et soigner les derniers paragraphes, les dernières lignes. Mais surtout, on discute. En prenant le temps de les écouter, ils finissent par nous bluffer. « Madame, on revient quand ? », demande une lycéenne. « C’est toujours bon signe quand ils disent ça« , me confie un professeur. « D’habitude, c’est plutôt ‘ça se termine quand ?’ « , conclut-il.

Robin Ecoeur