Poursuivre ses études aux USA ? C’est possible !

Le 15 décembre 2016, les étudiants du Master « Journalisme et médias numériques » ont rencontré Tristan Cabello, professeur à American University, Washington, D.C. Une occasion pour faire le point sur les études doctorales et les débouchés dans la recherche en sciences humaines et sociales aux USA.

Contrairement aux idées préconçues, poursuivre ses études – après une licence ou un master – aux États-Unis n’est pas uniquement réservé aux plus aisés. Certes, cela nécessite de l’investissement et du travail, mais c’est à la portée de tous ceux qui veulent se donner les moyens.

C’est cela que confirme Tristan Cabello, directeur du Département d’Études américaines à American University, Washington, D.C. Originaire de Lorraine, Tristan Cabello était de passage en France et est venu rencontrer les étudiants du master « Journalisme et médias numériques ». Il a ainsi pris le temps de déconstruire pour nous quelques idées préconçues concernant les études universitaires aux États-Unis et d’en apporter des précisions :

  • Aux États-Unis, le budget de la recherche est conséquent, même pour les étudiants étrangers. De nombreuses bourses permettent une inscription dans un établissement américain et, en général, grâce aux contrats proposés aux candidats retenus, ces derniers n’ont pas à en payer les frais.
  • Le doctorant (terme qui englobe les étudiants de niveau master) est alors considéré comme un employé de l’université. Il reçoit environ 30 000 dollars par an, tandis que des financements sont prévus pour la promotion de ses travaux de recherche (publications, présentations à des conférences, etc.
  • received_10211930625519678Pendant les deux premières années du cycle doctoral (master), les étudiants construisent leur parcours sur la base d’une majeure avec un programme de cours choisis à la carte. Il s’agit souvent de séminaires de 10 à 12 personnes, les cours magistraux étant rares.
  • La majorité des cours sont dispensés par des enseignants non titulaires ; les tenured sont souvent pris dans la course aux publications… Mais tous les enseignants sont évalués par les étudiants !
  • Une dissertation de thèse dans une université américaine prend la forme d’un document de 150 à 300 pages environ ; avec une appétence pour des cas concrets, moins contextualisés qu’en France, par exemple.
  • Postuler à une université américaine, c’est fastidieux (dossiers conséquents avec des tests de langue, etc.) et ça coûte ! Cela peut aller jusqu’à 150 dollars par dossier, mais si un candidat – même étranger – est retenu pour un entretien, son déplacement est pris en charge par l’université… Celle-ci s’occupera aussi du visa, si l’étudiant est accepté…
  • Petit conseil pour les enseignants qui rédigent des lettres de recommandation pour des étudiants, se destinant à une université américaine : il faut mettre de son cœur et de sa plume, quelques lignes ne suffisent pas… Une bonne lettre de recommandation fait trois à quatre pages !
  • Jusqu’au niveau licence, les étudiants paient en général eux-mêmes les frais de scolarité. Inévitablement, cela a des répercussions sur le système de notation, mais cela impacte aussi le degré d’implication et l’investissement des étudiants. Par exemple, les cours commencent toujours à l’heure !
  • Les frais d’inscription à une université américaine sont certes très élevés, mais – ce qui est moins connu – ils comprennent le logement et la nourriture des étudiants ; et aux États-Unis on peut manger à n’importe quel moment de la journée !
  • Contrairement aux idées reçues, les universités publiques américaines reçoivent aussi des dons privés. De l’autre côté, si les universités privées sont explicitement ouvertes aux donations, elles n’ont pas le droit de faire du profit, mais sont obligées de réinvestir l’argent gagné dans les activités de l’établissement (ce qui n’est pas le cas, en revanche, des For-profit Universities).
  • Les débouchés après un doctorat sont assez diversifiés au sein de la société américaine : établissements du supérieur et du secondaire, sociétés d’expertise, musées, think tanks de parties politiques, domaine de l’édition, etc. ; sans compter le fameux Alt-Ac (Alternative Academia), qui connaît depuis quelques années un fort engouement : relecture des thèses, etc.
  • Le prestige de l’université est sacré ! Cela détermine les carrières et les débouchés…

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Voilà alors une belle rencontre qui nous a fait voyager… Que  retenir de cet échange ? L’université américaine est certes un monde avec ses propres codes et habitudes… Mais ce monde n’est pas hors de portée pour celui ou celle qui serait prêt(e) à faire l’effort.

Le sociologue Pierre Bourdieu disait que l’on circonscrit nous-mêmes notre « espace des possibles » ; on se fixe inconsciemment nos propres limites – souvent sans même être contraints de facteurs extérieurs – parce que nous pensons, à tort, que certaines choses, que nous désirons pourtant, « ne sont pas faites pour nous ».

Cela ne veut pas dire que tout est possible et facile, sans effort… Mais tout peut devenir possible, si on s’en donne les moyens !

Crédit photos : Marine Schneider